Le mercredi 17 mai, sur l’avenue Riad de Rabat, les habitués ont pu remarquer une agitation assez particulière. En effet, nombre de représentants d’institutions onusiennes, de ministères, d’ONGs, d’ambassades, et de membres de la société civile ont fait le déplacement pour l’atelier organisé au siège du Conseil National des Droits de l’Homme du Maroc (CNDH Maroc).
L’ouverture dudit atelier, qui a eu pour thème les “Droits socioéconomiques des travailleur.ses migrant.es et réfugié.es : vers une stratégie inclusive d’insertion professionnelle”, a été faite en présence d’Amina Bouayach, Présidente du CNDH Maroc, avec Laura Palatini, Cheffe de mission de l’Organisation Internationale pour les Migrations – Maroc (OIM), François Rebeyt-Degat, Représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés – Maroc, et Aurélia Segatti, Point focal OIT (Organisation Internationale du Travail) Maroc et gestionnaire du programme THAMM.
Car il faut dire que dix années après le lancement de la SNIA (Stratégie Nationale d’immigration et d’Asile), suite aux Hautes Orientations royales, grand était le besoin de faire le point, afin de parler des success-stories, mais aussi des défis qui restent à relever pour une meilleure insertion des migrants et réfugiés dans le royaume chérifien.
Ce qui a réussi
Sans être exhaustif, parmi les success-stories, l’on peut citer:
- la campagne de régularisation exceptionnelle de 2014, renouvelée en 2016-2017, qui a permis à plus de 50 000 étrangers d’obtenir des titres de séjour au Maroc;
- les formations et accompagnements mis à disposition des étrangers au sein d’établissements étatiques tels que l’OFPPT, l’ANAPEC, mais aussi à travers des associations de la société civile comme l’AMAPPE (Association Marocaine d’Appui à la Promotion de la Petite Entreprise);
- le dispositif d’accueil et d’insertion déployé par le HCR, à l’attention des migrants et réfugiés;
- la volonté du patronat marocain de recruter et collaborer avec toutes les compétences et expertises présentes sur le marché de l’emploi marocain, quelque soit leur pays d’origine, et leur statut professionnel (employé, auto-entrepreneur, entrepreneur, investisseur, etc.).
Ce qui a encore besoin d’être amélioré
- L’accès au titres de séjour: sur ce point, il est indéniable qu’à l’heure actuelle, après l’euphorie de la campagne de régularisation exceptionnelle, on compte de plus en plus d’étrangers faisant face à des difficultés pour renouveler ou obtenir leur titre de séjour au Maroc, et par ricochet, pour obtenir un contrat de travail, ou formaliser et déclarer leurs activités économiques. Une des pistes de solutions évoquées, serait, entre autres, d’accorder aux migrants et réfugiés la possibilité d’obtenir le statut auto-entrepreneur sur présentation d’un dossier avec un passeport valide, comme cela se fait pour la création de société en tant qu’étranger au Maroc;
- la diffusion de l’information au sein des communautés étrangères résidant sur l’ensemble du territoire marocain: si les mesures et actions sont connues au niveau des organismes de tutelle, les communautés étrangères, en dehors éventuellement de celles vivant à Rabat, ne sont pas toutes au courant des avantages et bénéfices mis en place, récemment ou depuis bien longtemps, pour les étrangers au Maroc. Il y a ici une partition à jouer pour la société civile et les associations présentes à cet atelier, telles que le CCSM (Collectif des Communautés Subsahariennes au Maroc), la Voix des Femmes, l’ODTI (Organisation Démocratique des Travailleurs Immigrés au Maroc), la CESAM, ou encore les ambassades des pays concernés, qui, elles aussi, pourraient participer à rendre l’information plus disponible pour leurs ressortissants;
- l’application des dispositions légales et la diffusion de l’information au sein des représentations régionales des institutions étatiques du royaume: d’après une étude réalisée sur la région de Tanger-Tétouan-Al-Hoceima et une autre produite par l’OIT Maroc, il serait primordial de décentraliser l’application de toutes les mesures prises en faveur de l’intégration des étrangers, pour que celles-ci soient aussi actives en dehors de la capitale ou des grandes agglomérations du royaume.
On l’aura compris, après une décennie, si des beaux ponts ont été établis entre le Maroc, son peuple, et les différentes communautés de migrants et réfugiés vivant sur son territoire, il n’y a pas à s’endormir sur ses lauriers. Mais surtout, il revient à tous, de faire sa part, concrètement, sans jugement de valeur, pour faire avancer cette barque commune et perpétuer le vivre-ensemble au Maroc, pour le bien-être de tous, diasporas comme autochtones.
Qui sait, peut-être s’agit-il d’un modèle réussi d’inclusion en Afrique qui s’écrit actuellement sous nos yeux? Libre à chacun-e d’y apporter sa plume…
Bravo et bonne continuation