Droits de l’Homme, Diaspora: Rabat a préparé le forum mondial

Du 17 au 18 Février dernier, la ville de Rabat a accueilli pas moins de 500 participants à l’occasion du Pré-forum des Droits de l’Homme, co-organisé par l’UNESCO, la Présidence de l’Argentine et le Conseil National des Droits de l’Homme du royaume du Maroc.

Si au départ, mon implication n’était prévue que pour la soirée du vendredi 17 février, lorsque j’ai appris la teneur de cet événement à quelques jours du coup d’envoi, une certitude s’est imposée à moi: “Il faut que j’y sois, et que je sache tout ce qui se prépare pour la diaspora!”

Car, oui, vivre à l’étranger sans connaître ses droits en tant que diaspora, expatrié-e, bref migrant-e, c’est exactement comme choisir de vivre sur une pirogue, en plein océan, sans savoir nager. 🤷🏽‍♀

Et je me suis bien rendu compte que pour quelqu’un qui est “migrante” depuis sa naissance, eh bien, je serais bien mal en point si ma pirogue venait à se renverser en plein milieu de la mer, ou même d’une petite rivière…

En y pensant, combien parmi nous savent:

  • comment déposer une plainte en tant qu’étranger, en possession (ou pas) d’un titre de séjour dans leur pays d’accueil? Car oui, il est possible de porter plainte, même sans titre de séjour.
  • à qui s’adresser en cas de litige avec un établissement hospitalier, lorsque l’on se fait soigner hors de son pays d’origine?
  • comment inscrire un enfant à l’école, même si ses parents n’ont pas de titres de séjour?
  • quels sont les droits des travailleurs étrangers, et les recours existants, en cas de besoin, face aux exactions ou manquements d’un employeur, ou même en cas de contrat de travail aux clauses abusives?

Si vous répondez par l’affirmative à ces quatre questions, bravo, vous êtes déjà bien informés😃! Pour les autres, eh bien, heureusement qu’il y a la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, et le CNDH, au Maroc.

Discours d’ouverture d’Amina Bouayach, Présidente du CNDH – Maroc, lors du pré-forum des Droits de l’Homme à Rabat (17-18/02/2023).

Il y a encore quelques semaines, Amina Bouayach, la présidente de cette institution au royaume chérifien, appelait d’ailleurs “à la mise en place d’une structure de conseil juridique en faveur des étrangers pour un accès plus facilité à la justice.” Cet appel partait d’une étude réalisée conjointement avec le Haut Commissariat des Réfugiés, qui faisait état du manque d’information sur leurs droits qui prévaut chez les étrangers résidant ou de passage au Maroc.

Mais au sein de ces communautés de la diaspora, qui ou qu’est-ce qui a la responsabilité d’informer, du moins d’accompagner tout étranger dans le besoin, sur ses droits? Ah, mais la question avait déjà été posée en Novembre, par Bachir Thiam, lors d’un panel sur la migration pendant les Senegalese Business Awards… Question qui en Février 2023, demeure toujours en suspens, apparemment. Si vous avez la réponse, je vous invite à la partager en commentaires, afin que tous en bénéficient…

Ce qui est sûr, du côté des organismes de promotion et de protection des droits de l’homme, les actions ne manquent pas, comme j’ai pu le constater en découvrant l’engagement des intervenants venus d’Afrique, d’Amérique latine et du reste du monde. Des hommes et des femmes qui réfléchissent, débattent sont mobilisés jour et nuit pour que les droits de tout être humain, étranger ou autochtone, soient respectés dans les pays du monde entier.

Mais comme me l’ont fait remarquer Maître Idrissa Sow, magistrat, conseiller à la Cour suprême du Sénégal et président du groupe de travail sur la peine de mort, les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires, et les disparitions forcées à la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, et Mohammed Charef, Président du CRDH de la région Souss-Massa-Draâ (Agadir), la société civile doit aussi jouer sa partition. Y compris celle de la diaspora, car, au-delà des droits des étrangers, pour le Maroc où je réside, le CNDH – Maroc a aussi la lourde responsabilité de protéger les droits et libertés de la population nationale – plus de 37 millions de personnes – , et d’en garantir l’exercice et la promotion. Et donc, pour améliorer plus facilement la situation des étrangers au Maroc, – au nombre d’un peu plus de 84 000, soit environ 0,25% de la population du royaume, selon une note de 2017 du Haut Commissariat au Plan -, il y a une part de responsabilité de la diaspora, qui se doit d’être organisée, pour faire circuler l’information et la rendre accessible à tous, et pour aussi servir de relais fiable en cas de recours…

Et c’est là que la présence de leaders associatifs de la diaspora tels que Franck Iyanga, Secrétaire Général de l’ODT – Travailleurs immigrés au Maroc, prend tout son sens.

Franck Iyanga (2è, à partir de la gauche), SG de l’ODT – Travailleurs Immigrés au Maroc, s’exprime pendant la session plénière du pré-forum sur les migrations et la mobilité. À sa gauche, on reconnaît François Reybet-Degat, Représentant Maroc du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés.

Partant de sa propre expérience de travailleur immigré au Maroc, il a su, à son niveau et avec les moyens à sa disposition, faciliter la régularisation de plusieurs étrangers, et surtout sensibiliser et accompagner les travailleurs étrangers au Maroc sur la connaissance de leurs droits.

Mais il reste encore du chemin à parcourir, comme l’a souligné Mohammed Charef, au terme du pré-forum:

Intervention de Mohammed Charef lors de la session de restitution du pré-forum des Droits de l’Homme.

Le ‘droit de quitter tout pays y compris le sien’, a été inscrit dans la déclaration universelle des droits de l’homme (art 13 §2) , il  a été repris dans de multiples traités internationaux et tout particulièrement dans le pacte international sur les droits civils et politiques (art 12§2) : ‘Toute personne est libre de quitter n’importe quel pays, y compris le sien’. 

Toutefois, Il faut rappeler que le droit de quitter son pays suppose, pour se réaliser pleinement de pouvoir entrer dans un autre. Dès lors, le migrant se trouve dans une impasse, le droit international lui reconnaît la liberté de partir et de revenir dans son pays, sans lui garantir pour autant le droit d’entrer dans un autre État. De surcroît, la coopération internationale en matière de migration est insuffisante, fragmentée et structurée par de nombreux mécanismes informels et non contraignants.”

Extrait de l’allocution de Mohammed Charef, Président du CRDH Souss-Massa-Draâ, au terme du pré-forum des Droits de l’Homme de Rabat, 18 février 2023.

En appui aux efforts et réflexions des organismes de droits de l’homme, qui se poursuivront en Argentine du 20 au 24 mars prochains, qui donc dans la société civile de la diaspora, au Maroc (en dehors d’ODT – Travailleurs Immigrés au Maroc), et dans nos pays d’accueil respectifs, connaissez-vous comme organismes ou personnes de référence pour l’information sur les droits des étrangers?

Si plusieurs noms d’associations ou d’acteurs vous viennent déjà à l’esprit, c’est très bien. Encore une fois, je vous invite à les partager en commentaires, en précisant leurs zones d’action, pour en faire bénéficier le plus grand nombre.

Néanmoins, puis-je compléter ces pistes de réponse en y ajoutant aussi, la personne que vous voyez quand vous regardez un miroir?

Peut-être est-il temps pour chacun-e dans la diaspora, d’être acteur et non plus victime/objet de son destin, en s’informant et en s’impliquant pour diffuser ces informations utiles pour tous ceux qui vivent à l’étranger?

Nul besoin d’une grande organisation. Cela peut démarrer en rejoignant des initiatives déjà existantes, ou tout simplement en partageant l’information à ses connaissances, sur ses réseaux.

Car la vie, c’est ce bateau commun qui nous mène vers un destin, certes individuel, mais lié à celui des autres humains et membres de la diaspora sur cette Terre…

Lors du live sur la situation des réfugiés africains d’Ukraine en Avril 2022, je n’avais eu de cesse de le dire: n’attendons pas qu’un malheur arrive pour être organisés, en tant que diaspora. J’ajouterai désormais: n’attendons pas qu’un malheur arrive pour s’informer et relayer l’information au plus grand nombre au sein de la diaspora. À chacun-e de faire sa part, un peu comme le colibri, n’est-ce pas?

Pour le reste, je vous laisse le découvrir en images, comme toujours!

@borakae

4 commentaires

    1. merci Mr. Kabala! Au plaisir de vous revoir très bientôt, merci pour votre engagement pour la protection des droits de l’homme dans notre cher pays la RDC! 🤗

  1. Magnifique boulot, la Diaspora a vraiment besoin d’être édifiée sur leurs droits et devoirs, merci au SG de ODT pour sont intervention, j’espère que le régime a pris noté car nous ne sommes que 0,25% de la population local, et prêt à travailler avec eux pour améliorer les conditions de vies des frères et sœurs Subsaharienne-es, que ce soit sur la santé, l’éducation, la protection, l’environnement, et le vivre ensemble
    Merci à toi Bora pour tes énergies très positif.

    1. Merci Junior, chacun fait sa petite part de colibri, n’est-ce pas? Et c’est la somme de tout cela qui portera du fruit, pour le vivre ensemble et le bonheur de tous 🤗

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